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Soft Skills numéro 1 : développer la pensée créative

Connais-tu lecteur le top numéro 1 des soft skills à développer à l’ère de l’IA Générative? Nous l’avons vu dans un précédent article Top 20 des soft skills à développer à l’ère de l’IA, tu sais maintenant que la pensée créative sera vraiment ce que tu dois développer d’ici à 2027.

Après moult recherches, j’ai trouvé que l’approche de Autrement Formation et son dirigeant Ludovic Sabatier est vraiment pertinente.

Il nous explique dans ce podcast comment développer la pensée créative grâce à l’improvisation!

Comment acquérir la pensée créative?

1. Pour toi Ludovic quelle est la définition de la pensée créative?
2. En quoi est-ce important d’acquérir cette soft skills en entreprise?
3. Tu as accompagné de nombreuses entreprises sur le sujet, peux-tu nous en dire plus sur tes méthodes?
4. Quelques exemples de résultats particulièrement whaou à partager?
5. Y’a-t-il des profils qui ne réussissent pas à adopter la pensée créative?
6. As-tu entendu parler de la méthode de Disney?
7. En connais-tu d’autres que tu n’as pas encore testés mais qui te donnent envie?
8. Si tu devais donner un exercice simple à ceux qui nous écoutent pour développer leur pensée créative, que pourrais-tu leur proposer?

Prends 28 minutes pour écouter ses réponses

Et pour tous ceux qui préfèrent lire, voici la retranscription de l’interview

Ludovic est-ce que tu peux te présenter en quelques mots nous dire qui tu es ?

Je suis Ludovic Sabatier le fondateur d’Autrement Formation. La raison d’être d’Autrement Formation c’est réinventer la façon d’apprendre en entreprise

Donc réinventer la façon d’apprendre en entreprise ça passe par plusieurs dispositifs, je crois que tu utilises beaucoup l’impro et le théâtre d’impro ?

Exactement ! Moi ça fait 20 ans que je fais de l’improvisation théâtrale et j’ai adoré cette découverte, cette découverte aussi de moi.

Aujourd’hui je l’utilise dans des ateliers, on utilise des exercices d’impro et la visée n’est pas la même. La visée c’est se développer, acquérir de nouvelles compétences et aussi découvrir un socle théorique des fondements et surtout faire le maillage avec le quotidien professionnel.

1. Qu’est-ce que la pensée créative à ton avis ?

Alors c’est une bonne question, je trouve que c’est difficile de définir la pensée créative et d’ailleurs tu m’avais questionné avant et ça m’a animé donc je te remercie.

C’est quoi la pensée créative ? Pour moi il y a une nécessité d’innovation quand même et c’est là aussi où est-ce que ChatGPT aujourd’hui crée ou pas ?

Est-ce que finalement il ne fait que répéter des schémas qui existent déjà ou est-ce que lui est capable d’une forme de disruption, une forme de nouveauté, une forme d’éclatement volontaire aussi, quelque chose qui sort du conformisme peut-être de l’habitude de la routine avec une intention aussi créatif ?

Moi je fais beaucoup de détours à travers les disciplines créatives, les disciplines artistiques et là il y a une intention du créateur ! Je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui ChatGPT ait une intention.

L’intention elle réside dans le prompte, elle réside dans ce que la personne met en donnée d’entrée et c’est quand même là où l’intelligence réside. Donc pour moi la pensée créative je me dis il y a cette intention aussi de faire autrement.

D’ailleurs c’est marrant de faire en dehors de ce qui est habituellement fait, d’innover et puis de surprendre.

Donc cette pensée créative elle se définit pour moi comme cette capacité aussi à tester, à assembler, à innover pour faire quelque chose de nouveau.

2. En quoi c’est important aujourd’hui en entreprise d’acquérir cette de compétence de pensée créative ?

Je pense déjà c’est important pour nous, qu’on soit formateur coach ou accompagnateur et aujourd’hui la routine nous fatigue aussi. Donc c’est important pour son équilibre de se réinventer, de se renouveler, de se refasciner de nous-même. Donc je pense que la création elle tient à ça !

Et puis je pense que ce qui est important aussi c’est la valeur ajoutée. Aujourd’hui la valeur ajoutée des entreprises elle réside beaucoup dans les hommes les femmes les équipes et c’est aussi cette capacité soit de se différencier de ses concurrents soit d’aller là où les autres n’ont pas eu l’idée d’aller ou soit d’innover.

Donc cette pensée créative je pense que c’est le sel de nos quotidiens en entreprise et c’est aussi ce qui en fait la valeur.

Je vois un lien tout trouvé aussi avec l’intelligence artificielle qui nous bouscule dans nos habitudes.

Donc ça veut dire qu’on ne pourra pas faire plus de la même chose comme on l’a toujours fait et peut-être utiliser aussi cette pensée créative pour recréer un quotidien différent, des modalités de travail différentes?

Oui je suis d’accord ! Après moi j’ai eu la chance d’aller aux États-Unis l’an dernier dans la Silicon Valley rencontrer OpenAI, rencontrer aussi des gens dont c’est le quotidien l’intelligence artificielle.

Et ce qui se dit là-bas beaucoup c’est vous ne serez pas remplacé par l’intelligence artificielle vous serez remplacé par quelqu’un qui utilise l’intelligence artificielle.

Donc je trouve que c’est déjà rassurant parce que ça crée beaucoup de peur aussi l’intelligence artificielle et je la partage cette peur. Ça me fait un peu peur aussi donc j’ai envie de m’y intéresser aussi parce que ça peut générer de la peur.

Et puis je pense que c’est un formidable outil ! Je me souviens avec Internet on disait « l’outil est neutre, l’outil c’est un marteau, l’outil on en fait ce qu’on veut » et je pense que dans l’intelligence artificielle l’outil n’est pas complètement neutre.

Il peut y avoir des biais donc c’est intéressant aussi d’aller voir s’il y en a sur la diversité, sur finalement comment ils sont construits ces modèles pré-entraînés.

C’est bien ça la définition des intelligences artificielles, ce sont des modèles pré-entraînés donc quelqu’un a déjà donné des éléments clés au départ.

Je pense qu’il y a 4 ou 5 ans, c’était très novateur de se dire je vais utiliser l’intelligence artificielle pour écrire un scénario. Aujourd’hui c’est presque commun en fait et d’ailleurs au Japon aussi vous savez l’auteur ou l’autrice a révélé qu’elle avait utilisé l’intelligence artificielle pour réaliser 5 % de son œuvre ça a fait quand même beaucoup parler. Je pense que on va s’en émouvoir beaucoup moins.

Maintenant, c’est comment on l’utilise au service des créateurs, comment on l’utilise en étant ok avec, nous aussi aligné et puis comment on utilise avec nos équipes pour en faire quelque chose qui sert aussi le bien commun.

Alors justement c’est pas du tout une compétence facile à acquérir à priori. J’ai cherché dans Google tout simplement ou dans ChatGPT comment acquérir la pensée créative il y a beaucoup d’instituts qui proposent tout un tas de formations et pourtant intuitivement j’ai l’impression qu’il y a peut-être des méthodes plus adaptées que d’autres pour y arriver.

3. Est-ce que tu peux nous dire comment tu fais pour former les managers ou les équipes ou dont les entreprises à justement acquérir cette compétence de la pensée créative ?

Comment je fais : la méthode Autrement Formation en tous cas celle que j’ai développée depuis 5 ans. Elle utilise des exercices d’impro donc le triptyque « tête cœur jambes » vous savez là il joue à plein.

Il joue à plein le triptyque « tête cœur jambes » puisque on utilise des exercices d’impro.

On est debout, on est dans une pédagogie positive où on utilise aussi tout ce que les gens savent déjà, tout ce que les personnes savent déjà.

Tout le monde aujourd’hui, j’interviens dans le milieu des entreprises, a des formations initiales a aussi un passé de formé. Donc on va utiliser toute cette matière aussi pour enrichir.

Donc on casse un peu la façon de « le formateur sait et l’apprenant lui va apprendre » et on va le gaver d’un savoir qui l’intéresse peut-être moyennement. Là on rend le participant actif.

D’ailleurs dans les feedbacks, ceux des participants sont parfois encore mieux que ceux que j’avais préparé.

J’ai de façon très humble j’utilise ce qu’ils disent pour m’en servir. Donc ça crée aussi une horizontalité dans le groupe.

Et puis l’improvisation c’est aussi ça, c’est la spontanéité et je pense que dans la créativité il y a ce moment de spontanéité ce moment de « j’ose », d’audace, de confiance.

C’est se dire et bien je ne savais pas ce que j’allais dire encore et je m’autorise à le dire. Donc il a cette idée aussi d’autorisation, de permission.

On crée au début de l’atelier les conditions favorables à l’émergence d’une pensée créative, c’est-à-dire « écoute confiance énergie et amusement », ce sont les quatre valeurs de l’impro.

Et bien dans un atelier on va utiliser peut-être les 30 / 40 premières minutes pour les mettre en place ces valeurs et surtout créer cette alliance indispensable avec le formé, pour démarrer une forme de développement des compétences de la pensée créative.

Ce que j’entends dans ce que tu dis c’est un peu comme un entraînement, c’est-à-dire on se met en condition pour accéder à notre penser créative et finalement on va l’apprendre en le faisant. C’est un peu ça que tu dis ?

Oui, c’est tout à fait ça que je dis et puis cette mise en condition c’est un peu un sas. C’est un peu comme quand on arrive au théâtre aussi d’ailleurs, on a besoin de quelques minutes pour sa vie quotidienne, sa vie routinière, sa vie où on fait des choses et puis ce qu’on va voir.

Et bien ce noir un peu qui joue ce sas, là dans un atelier, je pense que ce sont les 20 / 30 premières minutes où on fait des exercices qui ne sont pas communs.

Et d’ailleurs ça demande un peu de courage aussi parce que moi parfois je vais voir des leaders des médias et je me dis « mais oh là là, je vais leur faire faire un IAO, un exercice de mise en énergie vont me dire celui-là il est complètement fada! »

Et en fait non, ça marche ! Et surtout, ça leur permet de dire cette séquence ne sera pas une séquence comme d’habitude, c’est une séquence hors des clous et c’est ce qu’on recherche.

Tant mieux parce qu’ils vont découvrir peut-être des nouvelles façons de penser, des nouvelles façons aussi d’eux-mêmes, c’est se redécouvrir aussi.

Et donc cette séance introductive, pour moi elle est très importante, elle est primordiale pour faire ce qui suit.

Je me dis si j’arrive à passer cette séquence introductive, le reste ça passe tout seul, comme disent les jeunes, ça passe vraiment crème!

Ça passe crème ! J’adore cette expression !

4. Est-ce que à ce propos tu as une belle histoire à nous raconter sur un atelier que tu as pu mener en entreprise où tu as pu observer cette mise en mouvement et peut-être ce dépassement, cette acquisition et cette incarnation de la pensée créative par les participants ?

Alors j’ai plusieurs exemples. L’exemple numéro 1 est que ça marche aussi l’improvisation auprès de public très divers.

Et ça c’est aussi je pense ce qui est assez universel, c’est que la pensée créative pour moi est universelle dans l’être humain.

La pensée créative dans l’improvisation elle est mise en exergue.

L’exemple numéro 1 ce serait plutôt les jeunes, ambassadeurs de Sidaction, donc des jeunes qui sont nés en Afrique avec le VIH.

J’ai eu la chance de les accompagner pendant une semaine. Les premiers jours ils étaient complètement pétrifiés à l’idée de prendre la parole surtout sur des sujets qui les concernent où la charge émotionnelle est énorme parce qu’ils ont vu certains de leurs amis mourir à cause du VIH Sida.

Donc parler dans ces conditions c’était vraiment dur. Et finalement à la fin de la semaine, on a pu accompagner des jeunes à parler face à Emmanuel Macron.

Eux ont fait quand même beaucoup de chemin et je pense que c’est des exercices d’improvisation qui les ont libérés, qui leur ont permis de s’autoriser, qui leur ont permis aussi d’articuler des discours, qui leur ont permis aussi de de créer leur discours qui leur ressemble et de s’autoriser à le diffuser.

Deuxième exemple plutôt un public de leaders performance, ce sont les anciens contrôleurs de gestion chez Leroy Merlin.

Et là on leur dit, aujourd’hui vous avez des compétences « hard », des compétences vraiment métier pur, c’est-à-dire analytiques, des compétences de gestionnaire mais aujourd’hui c’est plus qu’on vous demande.

Ce qu’on vous demande c’est aussi d’être dans l’animation. C’est un changement de paradigme ! C’est aussi l’idée de se dire on va faire des experts peut-être plus quantitatifs, des gens qui animent et qui sont le bras droit du directeur de magasin.

Et là sur un accompagnement au long cours, parce qu’on a plus les accompagner pendant 1 an avec des ateliers répétés, on voit que finalement cette dimension créative, cette dimension d’âme aussi, parce qu’un animateur c’est quelqu’un qui a une âme qui va embarquer les autres, et bien ils l’ont aussi et ils ont la capacité de le faire, avec des success Story.

C’est ça aussi la saveur de notre métier, c’est de les voir et qu’ils reviennent en atelier en disant « ah j’ai eu un moment où je me suis senti bien en animation, et c’était moi et j’ai réussi à les embarquer comme ça ».

5. Est-ce qu’il y a des profils pour lesquels c’est plus difficile d’acquérir cette compétence de pensée créative dans ce que tu as pu observer au cours de tous tes accompagnements ?

Alors oui ! Moi je pense que tout le monde est capable de penser créative je pense que tout le monde est capable d’impro.

Je pense que j’ai ce côté idéaliste aussi qui fait de moi un bon formateur car je pense que tout le monde est capable de tout, donc c’est aussi ça qui est fantastique, c’est ce qui m’anime aussi.

Après ce que j’ai remarqué, ce qui peut-être est plus dur, plus difficile, c’est pour les personnes qui sont dans des postures un peu plus figées.

C’est à-dire dans des rôles, qui ont des casquettes et des rôles qui sont extrêmement figés et qui ne se permettent peut-être pas d’aller dans des endroits où on ne les attend pas.

J’ai animé des ateliers de Directions Juridiques et eux souffraient d’étiquettes qu’on leur collait.

« Les juristes ne sont pas créatifs, les juristes ne sont pas capables d’utiliser leur imaginaire ». Et c’était complètement faux!

Et à la fin des ateliers qui étaient des ateliers courts, on me remerciait en me disant « Ah merci ! Merci de ne pas m’avoir collé cette étiquette, ça m’a permis d’utiliser le storytelling, l’imagination ».

Et c’était aussi une forme de respiration, de révélation.

Ce que je me dis c’est surtout que là où on a le plus de travail, c’est de réussir à faire lâcher ces étiquettes qu’on leur colle ou qu’on se colle.

Parfois on se colle des étiquettes nous-mêmes en disant « je ne suis pas capable » ou « je suis quelqu’un de créatif, je ne suis pas quelqu’un de créatif ». Là ça nous ramène aussi peut-être vers la pratique narrative.

Oui ça me fait beaucoup penser à ce qu’enseigne Dina Scherrer. Je crois que tu es formé aussi aux pratiques narratives avec cette idée de l’œil d’amour, l’œil Pygmalion.

La façon dont on regarde l’autre et dont on se regarde soi-même qui offre des autorisations, qui offre des ouvertures et qui peut-être justement empêche de s’enfermer dans une toute petite case restrictive ?

Exactement donc c’est ça aussi cette façon de revisiter nos identités, nos relations à travers un territoire plus composite, à travers plein de de personnalités, d’identités qui sont multiples.

Donc j’adore aussi cette vision portée par Dina Scherrer ! Et puis cette vision narrative de soi, et puis l’idée aussi d’externalisation.

Parfois on a des problèmes, la personne c’est la personne, le problème c’est le problème et la personne n’est jamais le problème. Donc on externalise.

Parfois moi je suis très timide, à la base en tout cas, ça fait 20 ans que je travaille sur cette timidité et j’arrive à la dompter. Du coup je me dis, je ne suis pas timide, j’ai une relation avec timidité.

Et bien ça, ça change aussi la donne, ça permet d’atteindre peut-être des défis auxquels on ne se serait pas lancé si on avait trop pris intérieurement cette problématique ou ce problème. En se disant il y a une dissociation, une dissociation positive, le problème il est extérieur à moi.

6. Dans les autres méthodologies dont on a pu entendre parler sur la pensée créative et l’acquisition de cette pensée créative, as-tu entendu parler de la méthode de Disney ?

Finalement il y a trois étapes : les trois étapes c’est un peu la personne rêveuse.

Quand j’ai un problème ou quand j’ai une situation difficile, ou que j’ai envie d’innover, il y a cette phase du rêveur. Je trouve que c’est la phase aussi sur laquelle j’interviens plus aussi chez Autrement Formation.

C’est permettre aux gens de revenir dans cette phase où on a besoin de rêver, on a besoin d’avoir des envies qui sont en dehors des contraintes. Qu’est-ce que ça fait du bien !

Et parfois en entreprise aussi on se fait taper dessus direct quand on a une idée de rêveur. Et bien non, je pense que cette phase elle est nécessaire et justement ce protocole Disney en trois étapes, cette phase de rêveur elle est très utile pour ça, de dire c’est la première étape.

Deuxième étape, puisqu’il y en a trois, c’est plutôt la pensée critique.

Donc la pensée critique c’est de se dire, avec mon œil peut-être un peu plus critique, qu’est-ce qu’on va m’objecter. Et on est souvent des très bons objecteurs de nous-mêmes.

Par contre, il faut peut-être ne pas inverser les phases. Au début on rêve et après on va on va aussi être objecteur de soi-même, se dire quelle est la critique de ça, qu’est-ce qu’on pourrait factuellement m’objecter.

C’est un peu une forme de freinage mais c’est important de freiner, de se dire, attends rationnellement, qu’est-ce qu’il y a.

La troisième phase c’est la phase réaliste donc la phase où là on se dit comment on va mettre en œuvre tout ça.

Donc cette phase là aussi et bien je pense qu’elle est fondamentale pour coller au quotidien. Souvent les personnes qui viennent toquer la porte d’Autrement Formation en disant j’ai besoin d’ateliers, j’ai besoin aussi de moment de cohésion d’équipe, j’ai besoin de formations, ils me disent mais « comment j’arrive à mailler avec mon quotidien ».

Cette phase réaliste, on va dire de mise en œuvre par Disney, elle correspond à cette phase.

Donc moi je trouve que c’est une très bonne méthode que j’ai redécouverte grâce à toi je t’en remercie. J’ai l’impression d’œuvrer plus sur cette première phase qui est la phase « s’autoriser, rêver » et puis ouvrir un peu les champs des possibles.

Il faut quand même savoir qu’il a créé tous ses dessins animés avec cette méthodologie qui a été modélisée qui est maintenant proposée.

7. Est-ce que tu connais d’autres méthodologies pour acquérir ces compétences de pensées créatives, que tu as testées ou pas encore testées?

Oui alors j’en connais d’autres et puis grâce à toi j’en ai redécouvert aussi.

D’ailleurs c’est intéressant parce que les gens se font toujours une idée sur l’improvisation, où on sait tout à l’avance et cetera.

Moi je prône l’improvisation, c’est créer de l’interaction avec le public, c’est-à-dire privilégier même ce qu’on est en train de faire, c’est-à-dire le moment : peut-être que je ne vais pas dire tout ce que j’avais à dire mais pour le pourtant j’ai préparé. Et c’est aussi ça pour moi l’improvisateur.

Il sait déjà quelques éléments, il a des personnages « refuge », il a des idées aussi qui lui tiennent à cœur. Et pourtant il va livrer la meilleure version, au meilleur moment le jour J, parce qu’il va le faire avec le public et avec ce qu’il ressent du public et ce qui se passe dans le public.

Donc ça c’était une incise sur « préparation improvisation ». Et donc quand j’ai préparé ce moment avec toi, je me suis dit, qu’est-ce que je connais d’autres comme méthodes sur la pensée créative ?

Oui, qu’est-ce que tu connais d’autres comme méthodes sur la pensée créative ?

Et donc je me suis dit « les trois pages du matin ».

Figure-toi que je continue d’écrire trois pages du matin depuis 4 ans maintenant. Donc tous les matins, je prends trois pages blanches et j’écris vraiment tout ce qui me passe par la tête.

Pour moi, c’est un moment de reconnexion à moi en me disant, là j’éteins le monde un peu, je baisse le rideau dans les sollicitations multiples qui sont les nôtres.

Ce moment du matin qui peut durer 20 / 30 minutes où j’écris, c’est un moment de liberté où je m’autorise à écrire tout ce qui me passe par la tête et l’objectif c’est quand même d’avoir les trois pages.

Parfois on se dit « oh là là » au bout d’une demi-page j’ai l’impression d’être épuisé et en fait non, il y a quelque chose d’autre qui arrive et ça aussi ça nous rassure, cette capacité à aller, à nourrir, à avoir des ressources en nous.

Puis les chapeaux de Bono, alors c’est un classique et pourtant il marche !

Moi je l’anime même avec mes équipes. On a aussi un théâtre à Marseille, vous avez compris que moi ce qui m’anime c’était aussi faire réunir le monde de l’entreprise et le monde artistique par ce que je pense qu’ils ont à se parler.

Les deux peuvent s’enrichir. Donc je dirige un théâtre à Marseille et avec les équipes du théâtre, l’administrateur, la personne de la communication, on fait aussi le chapeau de Bono. C’est une méthode simple qui fonctionne.

J’en connais une autre que je te propose en Icebreaker : j’ai mis des mots qui n’existent pas et j’ai demandé aux participants de me donner une définition.

Par exemple, quelle est la définition à ton avis du mot « séfroupette ». Qu’est-ce qu’une « séfroupette » Ludovic ?

Alors une sévroupette, je vois plutôt un nouveau style vestimentaire qui est entre le sarouel et la salopette. Du coup c’est la sévroupette et d’ailleurs ça fait fureur à New York les gens promènent leurs chiens en sévroupette.

En séfroupette ! Ah oui mais alors là il faut être très fort en diction ce que je ne suis pas. Mais du coup moi j’avoue je me l’autorise la sévroupette !

J’en connais d’autres des méthodes et puis surtout je pense que la créativité elle est sans limite.

C’est ce que disait Albert Einstein, la connaissance elle est limitée parce qu’on peut faire le tour de la connaissance elle n’est pas infinie, alors que la créativité par définition elle est illimitée.

Ça nous renvoie peut-être aussi à une reconnexion à notre âme d’enfant parce que quand on était petit on faisait « comme si », on jouait bien à des jeux de « et si on était tels ou tels personnages » !

Oui tout à fait et puis d’ailleurs on dit que les meilleurs improvisateurs ce sont des enfants.

Les enfants ont beaucoup moins la peur du jugement des autres, ils ont beaucoup moins finalement intégré les codes sociaux. Donc ils sont quand même plus libres.

Et c’est vrai que cette pensée créative et bien pour l’avoir il faut aussi se libérer peut-être de ces jugements des autres, accepter d’être ridicule parfois.

Oui le ridicule c’est un peu finalement le revers de la médaille de la créativité. Avant d’exprimer une idée à haute voix, je ne sais pas exactement si elle est bonne ou pas.

Les autres l’accueillent et en tout cas, peut-être qu’il y a des idées dans mes idées qui sont qui ne seront pas judicieuses et d’autres qui sont formidables. Mais en tout cas, il faut pouvoir le dire à haute voix et accepter parfois d’être un peu décalé.

Les improvisateurs, les enfants sont des bons improvisateurs. Et puis il n’y a rien de plus important que le jeu pour eux, cette dimension ludique est essentielle dans l’encrage de savoirs.

Je pense qu’on apprend mieux en s’amusant je pense que l’Homme apprend grâce aux jeux. Donc tous les jeux ont vraiment un avantage en termes de connaissances.

Je prône ça aussi. Pour moi un atelier c’est « comment on fait pour prendre du plaisir ». Cette dimension « plaisir ludique », elle est présente dans les ateliers.

Alors comme on a dit, parfois il y a des choses qui marchent et puis des choses qui ne marchent pas. Parfois là aussi on est surpris dans des ateliers collectifs, je ne sais pas à quel moment ça va marcher et pourtant ça marche toujours !

Et donc c’est aussi s’autoriser à naviguer dans des zones un peu plus troubles, c’est aussi ça je pense la qualité d’un accompagnateur.

8. Pour conclure, est-ce que tu pourrais nous proposer quelques exercices qui pourraient aider la personne qui est en train d’écouter ce podcast à développer sa pensée créative ou la pensée créative de son collectif ?

Alors moi ce que j’aime bien d’ailleurs on l’affleuré tout à l’heure avec les mots, la polysémie du langage.

C’est un mot compliqué pour dire que les mots ont plusieurs sens mais l’improvisation joue beaucoup avec ça.

Par exemple, un bar ? Et bien un bar, quel est le sens du mot que je veux utiliser et bien je trouve que la polysémie du langage est sources de créativité.

L’improvisation joue beaucoup avec cette polysémie, c’est-à-dire on joue beaucoup avec les différents sens, quel est le sens qui m’inspire aujourd’hui. Quelle essence je voudrais donner ? ça m’amuse aussi !

Donc un exercice, ça peut être association de mots : par exemple on est en cercle et puis on va associer des mots ça peut être je ne sais pas « rouge, communiste, sang » et donc finalement cette polysémie du langage elle permet aussi de sortir des routines habituelles, ça nous ouvre.

Ce cercle créatif il permet aussi d’ouvrir et puis on peut le faire soit en association de mots soit en mots rimés.

On peut faire un exercice en début d’une réunion d’équipe, soyons dingue, on peut sortir du cadre et dire aujourd’hui on va faire des associations de mots et ça va nous faire changer un peu de façon de penser.

Pour quelqu’un qui ne serait pas encore ceinture verte dans les animations et qui voudrait une première étape ou un premier exercice, est-ce qu’il y a des choses accessibles où finalement on prend peut-être moins de risques au démarrage ?

Oui alors un exercice plus simple, c’est « tu ne sais pas ce qui m’arrive ? »

C’est-à-dire commencer un Ice breaker, c’est à dire « Sylvie tu ne sais pas ce qui m’arrive ? » et là en fait c’est la personne que j’interpelle par exemple toi, qui va dire « si Ludovic que je sais ce qui t’arrive » et va créer quelque chose de spécifique en lien avec la personne qui t’interroge.

Par exemple faisons l’exemple, ça peut nous aider :

« Sylvie, tu ne sais pas ce qui m’arrive ? »

« Si je sais ce qui t’arrive, ce matin tu as mangé une omelette au beurre ! »

« Exactement, et mon omelette au beurre elle était assez spéciale parce qu’en fait, elle avait trois ingrédients : c’était le piment, aussi des œufs de la ferme et surtout et bien un savoir-faire ancestral! »

Donc c’est juste cette connexion-là qui permet d’ouvrir un peu les chakras et la personne qui a été interpellée va relancer, va interpeller. Toi par exemple Sylvie, tu vas pouvoir interpeller quelqu’un d’autre. Donc c’est un jeu simple et qui permet aussi de créer de la connexion entre les équipes.

Est-ce que tu as un dernier exemple peut-être un dernier exercice à nous proposer?

Oui un exercice qui est plutôt autour de la pratique narrative et de l’improvisation, qui mêle les deux : c’est un exercice autour de la création d’histoires, donc très simple.

On met quatre cartons au sol avec des phrases pivots qui sont : tous les jours, mais un jour, depuis ce jour et finalement.

Les personnes vont se positionner sur ces cartons et l’objectif c’est de créer une histoire cohérente et on va voir en fait où est-ce que ça nous mène.

Cet exercice il est assez puissant, il est très simple. Ça nous permet de nous ouvrir aussi à la pensée de l’autre, comment je combine mon idée avec celle de l’autre et puis comment on arrive à créer en terme narratif des histoires qui sont fortes. Donc ça, ça marche bien !

J’imagine que derrière, ça doit aussi aider pour adresser par la suite des sujets beaucoup plus sérieux, plus opérationnels par rapport aux enjeux de l’entreprise ?

Oui alors c’est une mise en condition et pas que !

Je trouve que finalement cet exercice aussi simple soit-il, le feedback qui est derrière associé il peut être très puissant!

C’est-à-dire, on peut aller jusqu’à Paul Ricœur « se raconter pour se rencontrer ».

Aujourd’hui, la capacité d’une équipe à bien travailler ensemble, c’est aussi la capacité à dire ce qui lui est propre, qu’il traverse, ses émotions.

Donc à travers cet exercice, on peut en parler et puis on peut aller même plus loin.

C’est-à-dire que si l’animateur ou le manager a une idée derrière la tête, il y a une intention dans cet exercice et ben il va être encore plus puissant. Donc « pourquoi à votre avis je fais cet exercice ? » Et à la fin, dévoiler aussi la raison.

Par ce que moi je trouve qu’aujourd’hui la cohésion, elle est nécessaire et que la créativité, l’intelligence collective, on l’a montré à travers cet exercice, personne n’aurait l’idée d’une telle histoire tout seul.

Donc combiner les idées, combiner aussi les profils permet d’être encore plus intelligent. Là à traverser un exercice simplissime, on l’a démontré !

Je t’invite aussi, toi qui nous écoutes, à prêter attention à tous les moments de ta journée où tu es dans une pensée créative, que ce soit en cuisine, que ce soit quand tu prends une décision, quand tu as besoin d’agencer quelque chose, organiser une fête.

Tu vas te rendre compte auditeur que ta pensé créative est déjà là et peut-être que tu peux lui donner un peu plus de place dans ton quotidien.

Ludovic, je te remercie pour ce moment de partage et d’échanges hyper riches qui ouvrent une série d’interviews et d’articles sur les soft skills et l’acquisition de soft skills à l’air du digital, et de l’intelligence artificielle générative.

J’espère que ça nous sauvera tous des robots ha ha ha !!!

Tu peux aussi relire le premier article qui a inspiré cet article et écouter les autre épisodes!

Top 20 des soft skills à développer à l’ère de l’IA

Soft Skills numéro 2 et 3 : intuition et pensée analytique