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Comment la crise COVID impacte la confiance et l’estime de soi?

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Je ne sais pas comment vous vivez la crise COVID, mais personnellement j’en ai ras le bol!

Mes vacances de Noël étaient prévues de longue date à Cambridge en famille et comme beaucoup, j’ai dû tout annuler eu dernier moment…

Un de vos proches est positif au Covid? Vous êtes cas contact? Ou vous n’avez pas pris le risque de faire des fêtes en étant nombreux?

Bref cette fin d’année a été bouleversée pour beaucoup d’entre nous et y’en a marre!

Mais il y a pire dans cette situation : tous ces aléas ont tendance a impacter notre confiance et notre estime!

Méritons nous ce qui nous arrive?

Des études en psychologie sociale ont démontré que les gens sont motivés à considérer leur monde comme ordonné et prévisible (Kay et al., 2008) – un monde où eux et les autres obtiennent ce qu’ils méritent et méritent ce qu’ils obtiennent (Lerner, 1980).

Or de mauvaises expériences aléatoires et incontrôlables réduisent l’estime de soi et conduisent à l’adoption de croyances et de comportements autodestructeurs.

Une étude publiée par l’APA (https://psycnet.apa.org/fulltext/2014-25638-007.html) révèle que les gens qui ont vécu de mauvaises (vs. bonnes) expériences ont dévalué leur estime de soi, et que les baisses d’estime de soi augmentent les croyances sur le fait de mériter de mauvaises résultats.

Cela peut engendrer des croyances et des comportements autodestructeurs, incluant l’auto-sabotage, la préférence à se voir moins favorablement voire même des pensées d’automutilation physique.

Lien entre estime et mérite

L’étude démontre que les personnes qui ont une faible estime de soi adoptent des comportements autodestructeurs parce qu’elles se sentent dignes de mauvais résultats, même si ces résultats sont le fruit du hasard.

D’un point de vue rationnel, des notions telles que « équité » et « mérite » ne devraient pas être liées lorsque l’on considère les résultats aléatoires d’une personne – après tout, de tels événements sont par définition imprévisibles et incontrôlables.

Mais quelque part, cette croyance donne du sens aux événements vécus et ils deviennent moins déroutants.

Compromis entre mérite et auto-défaite

L’étude montre que les gens adoptent une variété de croyances et de comportements qui sont finalement auto-coûteux et autodestructeurs.

Ces comportements sont en contradiction avec la vision rationaliste selon laquelle les humains sont principalement motivés par l’auto-préservation et la poursuite de l’intérêt personnel.

Pourquoi, alors, les gens seraient-ils prêts à adopter de telles croyances et comportements autodestructeurs?

Parce qu’ils ont besoin de maintenir la croyance que le monde est ordonné et prévisible, quitte à adopter des comportements qui sont en fait coûteux pour eux.

Qu’est-ce qui peut amener quelqu’un à avoir des croyances sur le fait de mériter de mauvais résultats dans la vie?

C’est « l’usure » de subir constamment de mauvaises expériences et d’autres effets négatifs aléatoires et incontrôlables qui conduisent les gens à des croyances plus chroniques sur le fait de mériter de mauvais résultats dans la vie.

Vous commencez à faire le lien avec ce que nous vivons?

En gros, cela fait deux ans que nous subissons tous des revers, des contrariétés, des plans chamboulés, voire des échecs à cause du Covid.

Des contrats qui ont été annulés, des fêtes qui n’ont pas eu lieu, des événements qu’il a fallu déporter en digital, des pots de départ avortés… bref la liste est longue!

Tous ces événements négatifs, de part leur répétition et leur caractère imprévu, ont eu un impact négatif sur notre confiance en nous et notre estime.

L’intelligence émotionnelle : la réponse à la crise?

Oui, nous avons besoin de croire que le monde est ordonné et prévisible même si c’est aujourd’hui totalement impossible.

Peut être qu’une piste de solution réside dans le développement de notre intelligence émotionnelle?

Selon Daniel Goleman dans son livre sur l’intelligence émotionnelle, ces dernières années ont vu une augmentation du nombre de recherches sur la biologie de la personnalité et des émotions.

Des études ont clairement démontré qu’une certaine part de l’intelligence humaine et de la personnalité est déterminée par des facteurs génétiques.

Mais ceci nous amène à nous poser deux questions :

  1. que peut-on donc changer en nous ?
  2. et pourquoi certaines personnes intelligentes échouent dans la vie, alors que d’autres, au QI plus modeste, réussissent mieux ?

Les réponses résident dans un ensemble d’aptitudes désignées par le terme «intelligence émotionnelle» selon Daniel Goleman.

Comment s’adapter dans un environnement « dangereux »?

L’évolution a doté l’être humain d’émotions qui lui permettent de répondre à des situations vécues comme dangereuses.

Chaque être humain possède deux esprits : l’un pense et l’autre ressent.

L’esprit rationnel permet de réfléchir et de pondérer, alors que l’esprit émotionnel est impulsif et puissant.

En règle générale, les deux esprits fonctionnent en parfaite harmonie mais il peut arriver qu’en raison d’émotions intenses, l’esprit émotionnel prenne le dessus:

  • alors que l’amygdale pousse à l’action, le cortex va jouer le rôle de modérateur en réprimant ou en contrôlant les émotions
  • lorsque l’amygdale est stimulée et que le néocortex ne peut contrôler sa réaction, on parle de « piratage neuronal »

Domaines de l’intelligence émotionnelle

Le QI n’intervient qu’à 20 % dans la réussite dans votre vie.

Le reste provient de votre intelligence émotionnelle, qui inclut des facteurs tels que la capacité à se motiver, la persévérance, le contrôle de ses pulsions, l’amélioration du comportement, l’empathie et l’espérance.

Développer votre intelligence émotionnelle permettrait de lutter contre la crise Covid?

Les cinq axes de l’intelligence émotionnelle

Peter Salovey, professeur de psychologie à Yale, a articulé le concept d’intelligence émotionnelle autour de cinq axes :

  • la connaissance de soi,
  • la gestion émotionnelle,
  • l’auto-motivation,
  • l’empathie et
  • la gestion des relations humaines.

1. La connaissance de soi : connaître vos émotions

La connaissance de soi implique une attention permanente de son état intérieur et de ses émotions.

La conscience de soi signifie que nous sommes «conscient à la fois de notre humeur du moment et de nos pensées relatives à cette humeur».

Les émotions peuvent être à la fois de nature consciente ou inconsciente.

Les émotions inconscientes ont une forte incidence sur votre perception des choses et vos réactions, sans que vous vous en rendiez compte.

Dès lors que vous prenez conscience de ces sentiments, vous pourrez les analyser et mieux les maîtriser.

Ainsi, la connaissance de soi constitue le fondement de la gestion émotionnelle.

En pratique :

  • vous êtes confronté à une expérience inattendue, un changement de plan de dernière minute, un espoir déçu, une annulation
  • au fond, quelle(s) émotion(s) ressentez-vous?
  • quel est le message de cette émotion?
  • quel est votre besoin non assouvi?
  • avez-vous tendance à repousser cette émotion ou à l’accueillir?

Exemple :

J’ai su que mes vacances de Noël à Cambridge étaient annulées 5 jours avant mon départ à cause des nouvelles mesures sanitaires. Je me suis sentie en très colère et triste. Mon besoin est de passer du temps de qualité en famille et de sortir de Paris pour m’aérer la tête.

2. La gestion émotionnelle : maîtriser vos émotions

Gérer nos émotions est essentiel pour être en harmonie avec nous-mêmes et les autres.

Notre structure cérébrale implique que nous maîtrisions peu (ou pas du tout) le moment où nous nous laissons submerger par les émotions.

Toutefois, la prise de conscience, le changement d’attitude ou même la méditation peuvent permettre d’exercer un contrôle sur la durée et l’intensité de l’épisode émotionnel.

En pratique :

  • maintenant que vous avez nommé votre émotion, que souhaitez-vous en faire?
  • la laisser vous submerger? la vivre pleinement? (et c’est tout à fait OK)
  • la laisser passer? l’ignorer?
  • que voulez-vous à la place?

Exemple :

Suite à l’annulation de mes vacances de Noël en famille, j’ai ressenti de la tristesse 24h puis j’ai revu mes plans. Je n’avais pas envie de me laisser aller et surtout j’avais toujours un budget vacances à utiliser. J’ai décidé de rester à Paris et d’en profiter pleinement.

3. L’auto-motivation : utiliser vos émotions pour atteindre vos objectifs

L’efficacité personnelle, c’est-à-dire la conviction d’avoir la maîtrise sur le cours de sa propre vie et de pouvoir relever les défis auxquels nous sommes confrontés, constitue la base des notions d’espérance et d’optimisme.

L’anxiété mine l’intellect alors qu’une humeur positive améliore la réflexion.

La relation entre l’anxiété et la performance est décrite par les experts comme une courbe en forme de U renversé.

Un niveau d’anxiété insuffisant engendre un manque de motivation et des résultats non satisfaisants, alors qu’un niveau d’anxiété trop élevé nuit à l’intellect. La performance maximale se situe au milieu.

L’espérance et l’optimisme sont également des éléments clés:

– l’espérance se manifeste par un refus de se laisser submerger par le négativisme ou la dépression face aux échecs.

– l’optimisme, c’est avoir la certitude que toute chose finit par trouver un dénouement heureux et que tout échec est dû à un élément que l’on peut modifier.

En pratique :

  • utilisez vos talents et vos forces pour trouver des solutions alternatives
  • en regardant le bon côté des choses, quels ont les aspects positifs de la situation?
  • en quoi cette situation représente une opportunité inattendue?
  • et si vous sortiez de votre zone de confort?

Exemple :

J’ai donc décidé de rester à Paris et d’en profiter pleinement en faisant des sorties que je n’avais pas prévues : voir l’exposition Thierry Mugler au Musée des Arts Décoratifs, sortir au théâtre, aller faire du patin à glace… En quelques clics, j’ai trouvé tous les billets pour faire des sorties rigolotes en famille.

4. L’empathie : entretenir un bon contact

Plus on se connaît soi-même, plus on est apte à se connecter aux sentiments d’autrui.

Ceux qui ont la capacité de comprendre ce que ressentent les autres sont mieux adaptés, plus populaires, plus extravertis et plus sensibles.

L’empathie se développe durant la petite enfance en même temps que l’harmonisation, qui est l’échange non-verbal entre l’enfant et ses parents.

L’harmonisation permet à l’enfant de se sentir rassuré et émotionnellement connecté.

En pratique :

  • que ressentent vos proches dans cette situation?
  • êtes-vous en capacité d’accueillir leurs émotions? Les reconnaître?
  • laissez-vous l’espace à l’expression de leurs émotions?
  • savez-vous questionner pour clarifier ce qui se joue pour eux?

Exemple :

Avant de réserver toutes ces nouvelles sorties, j’ai questionné mes proches pour savoir comment ils vivaient la situation. Mes enfants ont pleuré et j’ai accueilli leurs émotions sans chercher à les consoler. Oui, annuler les vacances ça fait mal (pour ne pas dire quelque chose de plus vulgaire). Je les ai aussi questionnés sur leurs besoins et leurs critères pour passer un bon moment en cette fin d’année, d’où les idées de sorties à Paris.

5. La gestion des relations humaines : entretenir de bonnes relations avec les autres

L’aptitude à exprimer ses émotions est une compétence sociale majeure.

Les émotions sont contagieuses car nous émettons des signaux émotionnels à chaque rencontre et nous imitons inconsciemment les émotions manifestées par les autres.

En situation d’interaction, une personne mime le langage corporel de l’autre. Plus la synchronie est forte, plus il sera facile de communiquer son humeur.

Cette coordination des humeurs est la version adulte de l’harmonisation enfant-parents et constitue un élément déterminant de l’efficacité interpersonnelle.

Plus nous sommes capables de ressentir les émotions des autres et de contrôler les signaux que nous émettons, et plus nous pouvons contrôler l’effet que nous produisons sur les autres.

En pratique :

  • dans la situation de la crise Covid, quelles émotions souhaitez-vous ressentir?
  • en quoi ces émotions peuvent vous aider à avoir de meilleures relations avec vos proches?
  • comment vous protéger de la « morositude » ambiante?
  • comment vous mettre en contact avec les personnes qui vous font du bien?

Exemple :

J’avais vraiment envie de ressentir de la joie et de la gratitude pour cette fin d’année. En prenant soin d’accueillir mes émotions et celles de mes proches, en prenant conscience de nos besoins respectifs, nous avons réussi à vivre des moments magiques.

Moralité de l’histoire?

J’aurais pu penser : voilà mes vacances sont annulées, au fond je ne mérite pas de m’amuser, tout cela c’est ma faute, j’aurais dû anticiper que les voyages sont compliqués, je suis vraiment trop naïve…

Comme nous l’avons vu, de mauvais expériences aléatoires et incontrôlables réduisent l’estime de soi et conduisent à l’adoption de croyances et de comportements autodestructeurs.

Au lieu de cela, en développant mon intelligence émotionnelle, j’ai réussi à transformer cette situation déstabilisante en opportunité, et j’en suis très fière!

Bonnes fêtes de fin d’année et vive le déconfinement intérieur!