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L’art de poser des questions humbles au lieu de parler

Combien de fois avez-vous répondu directement à une question de vos équipes sans prendre le temps de vous intéresser à la demande? Quelle est la dernière fois où vous avez admis publiquement que vous ne saviez pas?

En tant que manager, qu’est-ce qui vous empêche de poser humblement des questions pour en savoir davantage, apprendre de vos collègues et construire une relation?

Poser des questions est un art qui se base sur l’humilité selon Edgar H. Schein, professeur à la retraite de la Sloan School of Management du MIT.

« Humble Inquiery » ou l’art de poser humblement des questions

Edgar H. Schein encourage l’ouverture et la curiosité envers les autres sous la forme d’une « humble inquiery » ou l’art de poser des questions dont vous ne connaissez pas déjà la réponse, afin de construire une relation basée sur la curiosité et l’intérêt pour l’autre personne.

Dans l’article Learning to Help ThroughHumble Inquiry and Implicationsfor Management Research, Practice, and Education : An Interview With Edgar H. Schein, il raconte :

L’idée est de créer une situation, une relation, où l’autre personne vous fera suffisamment confiance pour vous dire ce qu’il pense vraiment.

« Lorsque quelqu’un vous demande votre chemin, vous n’avez pas nécessairement à vous en soucier. Mais même lorsque quelqu’un vous demande des directions, vous avez le choix de comment l’aider.

Un jour, à l’extérieur de chez moi, une femme s’est arrêtée et a demandé comment se rendre à Massachusetts Avenue. Je lui ai demandé où elle essayait d’aller, elle a dit: «J’essaye d’aller à Boston», et elle était déjà dans la mauvaise direction. Je pourrais l’avoir induite en erreur si j’avais littéralement répondu à sa question. »

Ne savons-nous pas tous comment poser des questions?

Bien sûr, nous pensons savoir comment poser des questions!!

Mais nous ne remarquons pas à quel point nos questions ne sont qu’une forme de rhétorique pour tester si ce que nous pensons est juste.

Nous avons tendance à dire au lieu de demander parce que nous vivons dans une culture pragmatique de résolution de problèmes dans laquelle il est important de savoir des choses et de dire aux autres ce que nous savons.

Qu’est ce qu’un leader humble?

On présuppose souvent que le leader sait tout. Les leaders sont censés savoir quoi faire, de sorte que les personnes en dessous du leader vont s’en remettre à lui.

Mais dans notre monde VUCA, où les collaborateurs sont en plus hautement qualifiés, comment amener les leaders à admettre qu’ils ne savent pas tout pour qu’ils demandent de l’aide?

Nous sommes habitués à « parler » au lieu de « demander ». Mais parler entrave les relations, parce que lorsque vous dites aux gens quoi faire, vous supposez qu’ils sont incompétents ou manquent d’informations et que vous êtes l’expert.

«Demander» favorise de meilleures relations. Lorsque vous demandez aux autres leur avis, vous prenez une position humble et leur redonnez du pouvoir. Cela nourrit des interactions productives à long terme.

Lorsque vous posez des questions au lieu de parler, l’autre peut mener la conversation, et cela renforce la confiance. Si vous entendez quelque chose que vous ne saviez pas ou même quelque chose que vous ne vouliez pas savoir, vous avez tout de même appris de l’échange.

« Parler » arrête la communication. Les gens qui se dépêchent tout au long de la journée de travail posent des questions, mais souvent leurs questions sont orientées  vers l’action et ne sont pas des « questions humbles ».

Les trois niveaux d’humilité selon Schein

L’humilité se présente sous trois formes: de base, facultative et ici et maintenant.

L’humilité de base

Dans toutes les cultures, humilier une autre personne – faire perdre la face à quelqu’un – est un délit social. Éviter cela signifie pratiquer l’humilité de base.

Certaines cultures ont des systèmes de classes ou des hiérarchies; les personnes nées à un niveau de statut particulier ne perdent jamais ce statut.

Les membres des classes supérieures bénéficient d’un rang plus élevé et d’un traitement différent de celui des membres des classes inférieures. Même dans de tels systèmes, les gens traitent chacun autre avec un minimum de respect et de courtoisie.

L’humilité facultative

L’humilité facultative se produit dans les cultures où les gens gagnent du prestige plutôt que de se voir accorder un statut lié à leur naissance.

Lorsque les réalisations de quelqu’un peuvent humilier ceux qui les observent, les observateurs peuvent choisir d’être admiratifs ou dédaigneux, rendant leur humilité «facultative», car ils ont des choix quant à leur réaction.

L’humilité « ici et maintenant »

Si quelqu’un a quelque chose dont vous avez besoin, vous pouvez adopter une posture humble et demander de l’aide, ou vous pouvez refuser de demander et ne pas obtenir ce dont vous avez besoin.

Les personnes de statut élevé trouvent difficile de devenir humbles « ici et maintenant », car cela signifie reconnaître que, à certains moments, elles sont dépendantes de subordonnés ou d’autres membres de l’équipe.

Quand quelqu’un vous demande des conseils, que devez-vous faire?

Un « questionnement humble » commence d’abord par un ou deux moments de silence. Peut-être que cette personnes a quelque chose de plus à dire.

Et si le silence ne produit rien, vous pourriez dire: «Dites-m’en un peu plus», «Qu’est-ce qui se passe?» « Qu’est-ce qui vous pousse à poser cette question maintenant? »  « Pouvez-vous me donner un exemple? »

Le questionnement « humble » doit être authentique. Lorsque vous posez une question, ne l’orientez pas en fonction de vos besoins, vos intérêts ou votre égo.

Essayez de minimiser vos propres idées préconçues, de clarifier votre esprit au début d’une conversation et de maximiser votre écoute au fur et à mesure que la conversation avance.

Ce n’est que lorsque vous sentez que la personne a enfin mis au clair ce qui la dérange vraiment que vous pouvez essayer de répondre.

Apprendre l’humilité

L’humilité selon le dictionnaire est « le sentiment de sa propre insuffisance qui pousse à réprimer tout mouvement d’orgueil ».

Pratiquer l’art du questionnement humble vous aidera dans votre vie personnelle et professionnelle, surtout si vous êtes un manager ou un cadre exécutif car il favorise la communication et la confiance:

  • Élargissez votre perception et votre perspicacité pour «identifier quand et où vous pourriez vous taire et poser plus de questions.»
  • Ralentissez et changez de tempo. Développez une plus grande conscience de votre environnement. Apprenez à valoriser les relations personnelles plutôt que la gestion des tâches.
  • Tendez la main aux autres. Par exemple, invitez vos collègues de travail à déjeuner pour mieux les connaître.
  • Utilisez le questionnement humble sur vous-même. Demandez-vous: «Que se passe-t-il ici? Quelle serait la chose appropriée à faire? Qu’est-ce que je pense, que je ressens et que je veux? »
  • Pratiquez la pleine conscience ou apprenez une nouvelle compétence – dessin, peinture, ou autre – vous rendra humble et élargira vos horizons.
  • Sur le lieu de travail, reconnaissez la présence ou l’absence de questionnement humble.
  • Rassemblez les membres de l’équipe avec des activités informelles pour être tous au même niveau.

L’apprentissage de nouvelles compétences est difficile et peut provoquer de l’anxiété. Désapprendre les mauvaises habitudes et en développer de bonnes est souvent encore plus difficile.

A ce titre un coach professionnel peut vous accompagner.

Je vous conseille d’écouter Edgar Schein au sujet du questionnement humble avec cette vidéo de 20:54mn

 

Ou encore celle-ci de 58:08 mn donnée à Google au sujet du Leadership humble.

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