Nous avons appris à nous couper de nous-même pour être avec les autres. La violence au quotidien s’enclenche par cette coupure : la « non-écoute de soi » mène tôt ou tard à la « non écoute de l’autre » et au non-respect.
Plus je me connais et me comprends, plus je suis à même de connaitre l’autre et de le comprendre.
Plus je me respecte profondément, plus je témoigne du respect et reçois des témoignages de respect.
Plus je développe la capacité d’être clair et bienveillant avec moi-même, plus je deviens à même d’être présent aux autres avec clarté et bienveillance.
Testez vous !
Je vous propose de réaliser ce test et de regarder les résultats pour mesurer votre niveau d’écoute. Vous pourrez ensuite revenir sur chaque attitude décrite dans cet article pour travailler sur vous.
Savez-vous écouter?
Quand deux personnes sont en interaction, on peut décrire 6 attitudes différentes. Dans l’absolu, ces attitudes ne sont ni bonnes ni mauvaises. Tout dépend du contexte et des relations entre les deux personnes.
La notion « d’écoute active » vient de Elias Hull Porter un psychologue américain (1914 – 1987). Il décrit 6 attitudes d’écoute, quelle est la vôtre?
1. Jugement et évaluation : vos propos impliquent un point de vue moral personnel et comporte un jugement, une critique.
Effet recherché : indique ce qu’il faut valoriser ou non, ce qui est bien ou mal.
Présupposé : incapacité de l’autre à évaluer la situation et la supériorité de mes valeurs sur les siennes.
Exemples : (mais vous en avez forcément plein en tête)
- Tu es trop lent quand tu traites tes dossiers!
- Ta présentation était nulle, tu as tellement bafouillé!
- Tu vois bien que ta présentation est beaucoup trop longue!
Votre interlocuteur va se dire : « hein mais d’où il me juge, il se prend pour qui Monsieur je sais tout j’me la pète! »
2. Ordre et Conseil : vos propos apportent une solution immédiate au problème de l’autre. Vous poussez à l’action, sans attendre d’en savoir davantage sur les solutions de l’autre.
Effet recherché : indique ce qu’il faut faire
Présupposé : incapacité de l’autre à choisir le bon comportement
Exemples :
- Vas de suite en parler à ton manager!
- Il faut absolument que tu traites la demande de notre client!
- Quel est le problème, demande une augmentation!
Votre interlocuteur va se dire : « hein, mais c’est quoi ces conseils de merde, genre il sait mieux que moi! »
3. Soutien moral : vos propos cherchent à apporter une consolation, un encouragement ou une compensation.
Effet recherché : indique ce qu’il faut ressentir
Présupposé : incapacité à accepter et supporter les sentiments de l’autre
Exemples :
- Franchement, c’est pas si grave, arrête de te plaindre!
- Tu devrais t’estimer heureux d’avoir ce dossier!
- Mais pourquoi tu te fâches, c’est dingue!
Votre interlocuteur va se dire : « hein, mais si, c’est grave ce que je te raconte, arrête de minimiser ou me dire ce que je dois ressentir. »
4. Interprétations : vos propos sont des interprétations des causes ou des conséquences de ce qui vous est dit par l’autre.
Effet recherché : vous recherchez une explication, une justification ou une redéfinition de ce que l’autre veut dire.
Présupposé :
- Interprétations de type 1 : indique des responsables ou coupables (pourquoi, limite, échec, déresponsabilisation de l’autre)
- Interprétations de type 2 : indique des possibilités, des opportunités (comment, possibilité, feed-back, responsabilisation de l’autre)
Exemples :
- S’il te parle mal c’est sûrement parce que tu ne lui as pas dit bonjour!
- Elle doit te détester c’est pour cela qu’elle ne t’invite pas aux réunions !
- A mon avis tu prends ton manager pour ton père c’est pour cela que tu ressens de l’angoisse!
Votre interlocuteur va se dire : « hein, mais c’est n’importe quoi ces interprétations, il se prend pour Madame Irma ou Docteur psy. »
5. Enquête et investigation : vos questions cherchent à satisfaire votre curiosité (poser des questions) en orientant l’entretien sur ce qui vous intéresse ; ou à aider l’autre à trouver ses propres questions (Offrir des questions) et sur ce qui est important pour lui.
Effet recherché : Processus de pensée
Présupposé :
- Questions 1 type « flic » : une recherche d’information à la place du sujet et pour moi. Incapacité de l’autre à rechercher la bonne information et à trouver les ressources
- Questions 2 type « Semence » : une recherche d’information pour l’autre
Capacité de l’autre à rechercher la « bonne » information et à trouver les ressources
Exemples :
- Pourquoi tu ne lui as pas posé la question directement?
- Qu’est-ce qui t’empêche d’y aller?
- Tu lui en avais parlé auparavant?
Votre interlocuteur va se dire : « hein mais c’est quoi ce bombardement de questions, allo la police? »
6. Compréhension, acceptation et « écoute active » : vos propos visent une compréhension de ce qui est exprimé du modèle du monde de l’autre. Cette attitude relance votre interlocuteur et l’encourage à s’exprimer davantage puisqu’il a le sentiment que vous l’écoutez avec curiosité et sans préjugé.
Effet recherché : acceptation inconditionnelle de ce qui est exprimé du modèle du monde de l’autre
Exemples :
- Que veux-tu dire par « fâché »?
- Peux-tu m’en dire plus?
- Oui je comprends que pour toi cette situation soit frustrante!
Votre interlocuteur va se dire : « ouf, ça fait du bien d’être accueilli et entendu dans mes préoccupations! »
Vous verrez qu’il est particulièrement difficile de garder une position de compréhension acceptation et « écoute active » quand la personne en face de nous parle d’un problème.
La majorité des personnes veulent être utiles, serviables, agréables, compétentes etc… et adoptent une posture qui n’aide absolument pas l’autre…
Les comportements « d’écoute active »
Vous pouvez utiliser quatre leviers pour vous mettre en écoute active! (et avant cela utiliser l’état COACH de Robert Dilts pour être dans une bonne prédisposition émotionelle)
1. Le silence
Objectif : donner à l’autre un temps de réflexion permettant à celui qui s’exprime d’organiser sa pensée et se donner un temps d’assimilation pour soi. Faire la distinction entre un silence creux (je n’ai plus rien à dire) et un silence plein (j’accorde du temps à l’autre).
Exemple : compter trois secondes avant de parler.
2. Les accusés de réception
Objectif : donner à l’autre des indicateurs de l’intérêt que vous portez à ce qu’il exprime, par des signaux gestuels ou sonores, des mimiques…etc.
Exemples : hochement de tête, regard attentif, expression faciale (sourire, doute…) onomatopées : ha!.. bien!.. oui!… suivi d’un silence.
3. Les relances
Objectif : inviter l’autre à dire ce qu’il veut et non pas ce qu’on veut entendre, en l’incitant à développer, en l’invitant à poursuivre.
Exemple : « C’est-à-dire? Mais encore? Peux-tu m’en dire plus? Et alors? Et ensuite? »
4. La reformulation
Objectif selon Porter : s’assurer de la compréhension de ce qu’exprime l’autre. Ce n’est pas une simple répétition de ce que l’autre a dit, mais une synthèse ou une reconstruction. Avec le risque d’interpréter ou de projeter.
Exemples de reformulation de type Porter : « si je vous ai bien compris… ce que vous voulez dire c’est… quand tu me dis cela, je comprends que…. est-ce bien cela? »
Sinon pour vous tester, mettez vous par deux, lors d’une conversation au café, au téléphone ou à la cantine et prenez le chronomètre de votre téléphone.
Si vous réussissez à tenir 7 minutes en écoute active avec votre interlocuteur, sans vous sentir fatigué, sans répondre avec une solution, en gardant un niveau de relation élevé (et sans penser à autre chose), en sachant répéter ce que vous avez entendu, vous avez acquis la ceinture noire de l’écoute active! BRAVOOOOOOOO !!
Que gagnerez vous à savoir écouter?
C’est Thomas D’Ansembourg qui nous répond dans cette vidéo de 6.32 minutes! Vous pouvez transposez tous ses exemples dans la sphère professionnelle.
Si vous ne réussissez pas tout de suite, entrainez vous ou venez travailler vos points de blocages en coaching.
Parfois on n’arrive pas à écouter l’autre car on ne s’écoute pas soi-même…
Allez BIM, va méditer ça jeune padawan 😉