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Pourquoi certains échanges sont qualitatifs et d’autres non?

Vous est-il déjà arrivé de penser « je ne sais pas comment Jean-Michel s’y prend mais à chaque fois il arrive à trouver une solution qui apaise la situation! »

Ou encore « Pamela est trop forte! J’étais partie pour lui montrer ma colère et finalement notre échange s’est super bien passé et je suis ressortie contente ! »

Pourquoi certains réussissent-ils et d’autres pas ?

Pourquoi certains échanges sont-ils de qualité alors que d’autres nous ennuient profondément ?

La réponse à ces deux questions tient dans un concept : l’intelligence de situation.

« C’est la capacité des individus à comprendre les contextes et les personnes de manière à agir en connaissance de cause, de façon à ce que tout échange soit profitable et produise de la réussite. »

Une autre définition de l’intelligence de situation pourrait être : bien se connaître, être en mesure d’apprécier ce qui se passe et les objectifs avoués ou non de chacun et savoir interagir avec l’autre de manière à ce que tout échange produise quelque chose dont le résultat s’inscrit dans un projet plus vaste.

Pour modéliser l’intelligence de situation, David Autissier a observé 100 situations différentes pendant 3 ans dans l’environnement professionnel.

Il a analysé les éléments qui conditionnent le bon déroulement de la situation ou au contraire l’annihilent.

« Cette observation m’a permis de collecter des notes sur les facteurs de réussite et d’échec des relations, dans l’objectif de parvenir à déterminer ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire ».

Il en a fait un livre sous forme de fiches synthétiques avec des pratiques clés.

Ce livre permet de définir l’intelligence de situation et de la rendre opérationnelle au travers de situations de vie professionnelle avec des exemples.

Ces notions ne sont enseignées nul part… quel dommage! Elles sont pourtant essentielles à l’hygiène relationnelle au bureau.

Vous pourrez concrètement vous interroger sur votre propre intelligence de situation et sur les moyens dont vous disposez pour progresser.

Personnellement, j’ai au moins trouvé 6 fiches qui vont me faire progresser cette année… et oui, on n’en finit jamais de bosser sur soi-même et ses soft skills!

Dans cet article je vous présente le livre et son contenu ainsi que la fiche n.52, où on retrouvera Jean-Michel, mon collègue préféré (dont le prénom a été changé bien sûr!)

Qu’est-ce que l’intelligence de situation ?

Certaines personnes savent toujours trouver une solution optimale et débloquer les situations.

Elles trouvent systématiquement la bonne formule et le bon mot pour mettre les personnes en confiance et ainsi faire que les actions de ces dernières s’inscrivent positivement dans un cheminement constructif.

De manière instinctive ou par calcul, elles repositionnent ce qui était en passe d’être un échec en une réussite ou, au pire, en une ressource utilisable pour une future réussite.

Cette capacité de lecture du réel et de projection de celui-ci dans une dynamique positive et de résolution est une vraie compétence qu’il qualifie d’« intelligence de situation ».

L’intelligence de situation n’obéit à aucune loi parce que toutes les situations sont différentes, et les agissements seront contingents et adaptés.

Tout se joue dans l’écoute et le repositionnement avec un souci de correction de ce qui se dit et se fait.

Les 5 notions essentielles de l’intelligence de situation

Elles ont été synthétisées sous 5 grandes familles et 15 registres :

1. l’introspection : la conscience qu’une personne a de sa manière d’être et de faire

L’introspection concerne les pratiques nécessaires pour favoriser une bonne connaissance de soi-même et de ses manières d’être et d’agir.

Il s’agit de rechercher les métaprogrammes (les grandes règles qui régissent nos comportements) pour ensuite être en mesure de prendre du recul par rapport à certains de nos comportements.

Ce travail sur soi est un exercice délicat et peut demander plusieurs années, mais le simple fait de le poser comme une variable structurante constitue en soi une forme d’intelligence de situation.

Introspection :

  • Caractère : quels sont mes prismes d’analyse des situations et des personnes ?

1 – Ceinture et bretelles
2 – Le syndrome Caliméro
3 – L’émotion positive
4 – Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants
5 – La stratégie Columbo
6 – Séduction contre rationalisation
7 – Le complexe du scorpion

  • Limites : jusqu’où est-ce que je peux et je veux aller ?

8 – Les sirènes dissonantes de la nouveauté
9 – Tout seul on est con
10 – Burnout
11 – Croire que l’on est arrivé
12 – Je ne sais plus
13 – L’autre n’est pas à tuer
14 – Il n’y a que moi qui bosse

  • Envies et objectifs : qu’est-ce que je veux vraiment ?

15 – Le pouvoir : entre envie et répulsion
16 – Je veux aimer ce que je fais
17 – À quoi ça sert ?
18 – Ne rien lâcher
19 – Talent caché attend révélateur
20 – Je ne veux pas tout sacrifier

2. la compréhension des environnements, des personnes

La compréhension du contexte, des enjeux et des modes de fonctionnement des personnes avec lesquelles on interagit est très importante.

Dans une logique asymétrique, certaines personnes peuvent être amenées à vouloir masquer des objectifs et à se livrer à la promotion d’autres tout en recherchant la réussite de ceux qu’elles tiennent secrets.

La compréhension du mode de fonctionnement comportemental des autres est primordiale.

C’est la capacité à entrer dans la logique de l’autre et à s’y adapter sans pour autant se dévoyer.

Compréhension :

  • Personne : qu’est-ce que vos collaborateurs veulent réellement et par-dessus tout ?

21 – Les passagers clandestins
22 – Les nouveaux sont toujours gentils
23 – Tout le monde ment
24 – Le paradoxe de la concurrence interpersonnelle
25 – Chacun travaille dans son coin
26 – Le stress du patron

  • Enjeux : que voulons-nous faire ensemble et qu’allons-nous pouvoir faire ?

27 – Je te dis que l’autre est un con, mais comprends que c’est pour toi
28 – Le seau de poissons
29 – On veut ma tête
30 – Le syndrome du sursis
31 – La vision du jeu
32 – Entrer dans les dossiers

  • Contexte : comment le contexte modifie-t-il la participation des uns et des autres ?

33 – dernier son de cloche
34 – Trop de tout
35 – Hyperréalité
36 – C’est plus complexe que cela
37 – On en a marre des notes
38 – Savoir rester à sa place
39 – Respirer les lambris
40 – L’indécision usante

3. la capacité à interagir avec autrui

L’interaction avec l’autre est le moment où se crée le contact qui sera à l’origine de la qualité de l’échange.

La capacité à interagir est très importante tant celle-ci conditionne l’envie de participer à l’échange collectif.

Savoir mettre les autres à l’aise, leur donner envie de s’investir, savoir parler aisément sans animosité sont certaines des qualités recherchées.

Le fait d’interagir permet un lien constitutif d’un résultat potentiel.

Sans interaction, une personne reste seule sans pouvoir être en mesure de se donner les moyens de la controverse et de l’amélioration continue.

Interaction :

  • Communication : créer de nouveaux dispositifs de communication.

41 – Parler pour ne rien dire
42 – Briser la glace
43 – Se mettre en danger
44 – Les trous dans la raquette
45 – Quelle est votre formule préférée ?
46 – Le surcodage

  • Empathie : se mettre à la place de l’autre.

47 – Laisser l’autre parler de lui
48 – Le mot juste
49 – Marre des rendez-vous plantés
50 – Le devoir de réponse
51 – Les éléments de langage
52 – Le territoire de la reconnaissance

  • Échange : s’assurer qu’il existe un véritable échange et que les participants en retirent quelque chose.

53 – La lueur dans les yeux
54 – Les marges de liberté
55 – Jeux d’acteur
56 – Les preuves du réel
57 – Attendons merci désespérément
58 – L’effet tunnel
59 – De 1 à n
60 – Vive les temps morts

4. la capacité à réaliser, produire et obtenir des résultats

La réalisation traite de la capacité à finaliser et à aboutir.

Les interactions ne produisent pas forcément des résultats exploitables pour les personnes qui y participent.

Non pas parce qu’il n’y a pas de résultat, mais probablement parce que les personnes concernées se laissent porter par le mouvement sans se soucier et/ou savoir repérer ce qui est inintéressant et intéressant à prendre et à exploiter.

Outre le fait de passer un bon moment (ce qui peut être considéré comme un résultat en soi dans certains contextes), l’enrichissement n’aura pas eu lieu.

Réalisation :

  • Faire avancer : savez-vous faire évoluer les pratiques, comportements et idées ?

61 – Pour aller un peu plus loin
62 – La stratégie de la magic box
63 – On ne peut qu’être à 200 %
64 – Stop and go
65 – On y arrive rarement la première fois
66 – J’accepte de ne pas tout comprendre

  • Aboutir : êtes-vous de ceux qui surmontent tous les obstacles pour mettre le point final ?

67 – Ça passe toujours juste
68 – Le rebond
69 – Faire avec
70 – Meyo wenti
71 – Autant que faire se peut
72 – Les écrits restent
73 – Du discours à l’action
74 – L’engrenage de l’engagement

  • Innover : faire quelque chose de nouveau et d’inédit est-il un leitmotiv de votre action ?

75 – L’effet « waouh »
76 – Work out
77 – To buzz or not to buzz
78 – Storytelling ou l’art du récit
79 – Grain de folie
80 – La valeur de l’échec

5. la capitalisation qu’une personne est en mesure de faire dans une logique d’apprentissage.

La capitalisation permet à tout un chacun de ne pas systématiquement repartir de zéro.

C’est la capacité à savoir capitaliser des expériences de telle manière qu’elles permettent des productions et des apprentissages d’une plus grande ampleur.

L’obtention d’un résultat est importante, mais son intégration dans une finalité plus globale et sur des échéances plus longues permet non seulement une meilleure exploitation des opportunités mais également la constitution d’une forme de patrimoine personnel de vécu.

Savoir se projeter et utiliser les résultats quotidiens constitue une forme d’intelligence de situation.

Capitalisation :

  • Production : savez-vous engendrer des productions qui répondent à des besoins ?

81 – Le plan B
82 – Laisser du temps
83 – Le closering
84 – Un coup pour voir
85 – La règle des trois U : Utile, Utilisé et Utilisable
86 – Le dur, le mou et le flou
87 – L’accord parfait

  • Apprentissage : apprenez-vous quelque chose de nouveau à chaque interaction ?

88 – L’affolement permanent
89 – Certaines choses ne s’achètent pas
90 – Le sens politique
91 – Prendre des coups
92 – La surexposition négative
93 – Apprendre à dire non
94 – La difficulté de dire des choses difficiles

  • Changement : le changement est-il pour vous une hygiène de vie ?

95 – Ça fait son chemin
96 – Le risque des formules toutes faites
97 – Le cercle ouvert
98 – Le temps est la règle et l’urgence, l’exception
99 – Lâcher prise
100 – Faire bouger les lignes

Le territoire de la reconnaissance : fiche 52

J’ai très envie de vous partager une fiche qui fait particulièrement sens en ce moment pour moi.

J’ai dans mon entourage professionnel des personnes qui ne peuvent pas s’empêcher de parler de leur glorieux passé… qui est passé!

Cela donne des phrases du type :

« Quand j’étais au poste X en 2002, j’avais réussi à faire ceci et cela! Je ne comprends pas pourquoi Jean-Michel ne fait pas la même chose! »

Cette fiche 52 m’a absolument aidé pour comprendre ce qui se joue et je vais tester le modèle dès cette semaine!

En voici ci-dessous le contenu, issu du livre :

L’exemple :

« C’est plus fort que lui, il a besoin de nous rappeler ses succès et le fait qu’il connaît le chef depuis plus de vingt ans. C’est gonflant !
– Et, en plus, si on ne joue pas son jeu, il se vexe et nous renvoie quelque chose de désagréable.
– Il faut absolument qu’il parle de ses territoires de reconnaissance, même si cela n’a rien à voir avec le sujet. »

L’analyse :

La réussite d’un échange tient parfois dans la capacité à détecter dans le discours de l’autre une demande de reconnaissance par l’intermédiaire de « territoires » dont il faut tenir compte.

Savoir détecter chez les uns et les autres les « territoires de reconnaissance » constitue une forme d’intelligence de situation.

Un individu a généralement besoin de sécurité, de confiance en l’avenir et de reconnaissance.

Cette reconnaissance se matérialise par le fait d’accorder de la valeur et de l’importance à certaines actions pour que leur auteur accède à un statut de héros ou au moins de personnage hors du commun.

Il peut s’agir d’un poste occupé, d’un projet réalisé, d’un livre écrit, d’un moment historique, d’une rencontre avec des personnes importantes, etc.

Tous ces éléments qui s’ancrent dans l’histoire comme des symboles collectifs deviennent des territoires de reconnaissance.

Le fait de ne pas les observer peut entraîner une participation moindre, un retrait ou, pire, une rupture de la part de celui qui se sentira non reconnu.

Cela peut paraître absurde de se référer à des symboles passés qui n’ont pas toujours un rapport avec la situation existante, mais c’est important pour gagner la confiance de son interlocuteur (ce qui, effectivement, à terme, peut amener à obtenir de lui une participation plus active).

En outre, toute interaction a peut-être une finalité première, mais, de manière tacite, la recherche de reconnaissance est toujours présente chez tous ceux qui participent à un échange.

La clé :

  • Pensez-vous que le temps passé à détecter les thèmes sensibles de votre interlocuteur est utile ?
  • Savez-vous parler de tout et de rien pour faire émerger ces territoires de reconnaissance ?
  • Pour les repérer, transformez-vous en cartographe de ces territoires et ne cherchez pas à couper la parole de vos interlocuteurs quand ils les abordent. Mobilisez plutôt ces derniers comme arguments pour l’échange.

Présentation du livre par l’auteur

Voici une vidéo de 3.30 minutes de David Autissier qui présente son livre.

Pour conclure

Bien que ce livre ne soit pas récent, il n’a pas pris une ride!

Pour toutes celles et ceux qui veulent travailler efficacement leurs soft skills relationnelles, offrez-vous ce livre.

Je le recommande fortement en lecture « pop corn » pour détecter vos axes de progrès et améliorer votre posture, que vous soyez manager ou collaborateur.